La préparation hivernale des pilotes de F1/Winter preparation for F1drivers

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 Interview F1 illustré de B. CAMPARGUE par T BARON

 Interview-F1 Benoit CAMPARGUE – L’EQUIPE

Le physique de l’emploi

Après deux mois loin des circuits, les pilotes vont retrouver leur baquet à partir de dimanche à Jérez pour les premiers essais de présaison. L’occasion pour eux de poursuivre leur préparation hivernale.

Formule 1 - BARON Thomas - Les contraintes subies par les pilotes les obligent à un entraînement physique intense. (L'Equipe)
Les contraintes subies par les pilotes les obligent à un entraînement physique intense. (L’Equipe)

Fin de l’hibernation pour les pilotes de F1. Un peu plus de deux mois se sont écoulés depuis le dernier Grand Prix, à Abu Dhabi, fin novembre dernier. Et les voilà prêts à retrouver les baquets à Jerez (1er au 4 février). Deux mois de vacances ? Certainement pas ! Aux week-ends de Grand Prix s’est substituée une phase de «décompression suite à la saison sportive intense à tous points de vue ; sur le plan de la pression, des décalages horaires, de la fatigue physique, des sollicitations médiatiques et partenariales», détaille Benoit Campargue, préparateur physique de Romain Grosjean d’avril 2012 à fin 2013 et responsable de l’agence de management sportif Sport Management System.

Les pilotes s’adonnent ainsi à diverses activités pour lesquelles ils ont peu de temps à consacrer dans l’année. «Il est important de se régénérer intellectuellement, psychologiquement et physiquement. Il faut se poser afin de souffler mais pas de façon brutale, revenir les pieds sur terre, éventuellement redescendre du podium et vivre ‘normalement’. C’est une façon de récupérer mentalement, d’anticiper la fatigue physique et psychique pour repartir avec une nouvelle fraîcheur la saison suivante», précise Benoît Campargue. Lewis Hamilton, par exemple, s’exerce à la guitare. Mais ces trois à cinq semaines sont surtout utiles pour effectuer un «check up médical et régler d’éventuelles pathologies», dit Campargue.

Après cette indispensable coupure, le retour à l’entraînement est progressif. Romain Grosjean, le pilote Lotus, «fait de la course à pied, du vélo, de la gym, mais pas du tout de pilotage. C’est quelque chose d’assez particulier. Il faut bien s’organiser car ce n’est pas simple avec les événements marketing, le simulateur, les déplacements à l’usine». Objectif : se remettre en condition pour être capable, neuf mois durant, d’enchaîner les Grands Prix, les longs déplacements à travers le monde, et travailler sa résistance, sa capacité de concentration… Ce matin-là, le pilote Lotus, après trente minutes de gainage, avait enchaîné avec une heure quinze de gym et une heure de footing. Pourtant, il n’est pas un fervent pratiquant de la salle de sport, qui n’est pas sa «tasse de thé», et préfère s’entraîner en plein air. Nous étions alors à la mi-janvier et, comme tous les pilotes, le Français était entré dans la deuxième phase de sa préparation physique, celle du réveil cardio-vasculaire et musculaire, auquel il consacre «entre 2h30 et 4h» de son temps quotidien.

En janvier, pas le temps de chômer

C’est à cette période que les choses sérieuses débutent. Les pilotes suivent alors une phase de reprise d’une durée de deux à trois semaines. «Dans un premier temps, il faut effectuer un microcycle à base de foncier, complété par un travail de musculation et de renforcement musculaire, explique Benoit Campargue. Ensuite on alterne des phases quantitatives et qualitatives un peu à la manière des coureurs de fond. Cela permet de développer la puissance aérobie qui sera utile par la suite.»

Pour s’accommoder à l’intensité d’un Grand Prix, les pilotes travaillent chaque semaine «le cardio, la musculation, la coordination, l’agilité», explique Charles Pic, ancien pilote chez Marussia et Caterham.
Les phases d’accélération, de freinage, et les courbes qui sont autant de traumatismes pour l’organisme : «Ce sont des pressions sur le corps, précise Romain Grosjean. La première fois que je suis sorti d’une F1, j’avais l’impression d’être passé dans une machine à laver. On est complètement secoué. On a l’impression que l’estomac est à la place des poumons, que les poumons sont descendus dans la jambe droite…»